La manipulation de l’information et l’ingérence sont un défi complexe qui nécessite une approche multidimensionnelle au niveau national et européen. Au cours des dernières années, nous avons pris des mesures résolues pour contrer ces menaces tout en respectant la liberté d’expression et d’information qui sont pour nous des vertus cardinales. Notre travail s’est concentré sur cinq piliers.
Le premier pilier concerne la protection des journalistes et le pluralisme des médias, car les médias traditionnels de qualité jouent un rôle essentiel dans la lutte contre la désinformation et l’ingérence. C’est pourquoi l’Union européenne a adopté la législation visant à protéger les journalistes contre les poursuites judiciaires abusives, la loi européenne sur la liberté des médias, et les règles sur la transparence de la publicité politique.
Le deuxième pilier a pour objectif de responsabiliser les plateformes numériques. Nous avons mis en place la loi sur les services numériques, connue sous l’acronyme anglais ‘DSA’, qui est la première loi de ce type dans le monde. Son entrée en vigueur en février 2024 a changé la donne dans le combat contre les manipulations et les ingérences en définissant, entre autres, ce qui constitue un contenu illégal, des règles pour identifier la publicité politique, et le rôle des plateformes dans la gestion de ces contenus. Les mesures mises en avant par la loi sont soigneusement proportionnées, afin de garantir le respect de la liberté d’expression.
Le troisième pilier prévoit le renforcement de la résilience sociétale en aidant les organisations d’éducation aux médias et les vérificateurs d’information, les ‘fact-checkers’ – et en promouvant la pensée critique. Nous soutenons, par exemple, l’Observatoire européen des médias numériques (EDMO) , qui a des bureaux régionaux à travers l’Europe. Nous menons aussi des campagnes conjointes avec les régulateurs nationaux de l’audiovisuel pour sensibiliser le grand public aux risques de la désinformation et de l’ingérence.
Le quatrième pilier concerne la capacité de veille, d’analyse, et de démasquage des opérations de manipulation, et l’analyse partagée de la situation (situational awareness). Le Service européen d’action extérieure a déployé des capacités dans ce domaine depuis une dizaine d’années; de nombreux États membre ont fait de même. La Commission est également en train de mettre en place un système de veille centré sur la manipulation de l’information ciblant les politiques européennes (par exemple l’action climatique ou la migration). Un système d’alerte rapide a été mis en place pour faciliter les échanges entre le niveau européen et le niveau national. Nous avons aussi développé pour l’UE une boîte à outils relative aux activités de manipulation de l’information et d’ingérence menées depuis l’étranger (‘FIMI Toolbox’).
Le cinquième et dernier pilier est la coopération avec des partenaires régionaux et mondiaux, qui est essentielle pour aborder le caractère transfrontalier du défi. Nous échangeons avec l’OTAN, des partenaires du G7, et d’autres pays et acteurs qui ont des expériences pertinentes.