La guerre russo-ukrainienne, catharsis de deux conflits convergents

Mis en ligne le 19 Juil 2022

La guerre russo-ukrainienne, catharsis de deux conflits convergents

Que nous apprend la guerre russo-ukrainienne sur les dynamiques profondes qui traversent la région et l’espace international, et semblent s’y cristalliser ? L’auteur développe une analyse du conflit en cours comme relevant d’une purgation violente de passions conflictuelles, par procuration entre les puissances nucléaires russe et américaine, et directement entre deux visions (géo)politiques, historiques et civilisationnelles concurrentes du devenir de l’Ukraine.

Les opinions exprimées dans cet article n'engagent pas le CNAM.

Les références originales de cet article sont : ALLARD Jean-Claude, « La guerre russo-ukrainienne, catharsis de deux conflits convergents », IRIS, 27 juin 2022. Ce texte, ainsi que d’autres publications, peuvent être consultés sur le site de l’IRIS.

La guerre russo-ukrainienne constitue la catharsis de deux conflits convergents. D’abord l’affrontement russo-américain qui, compte tenu de la dissuasion nucléaire, s’exprimant jusqu’à présent dans tous les domaines hormis le militaire, trouve une armée “proxy[1]”. Ensuite l’irréductible affrontement, depuis l’indépendance de l’Ukraine, de deux cultures et projets politiques partageant ce pays en deux ensembles géopolitiques ennemis (Donbass versus reste de l’Ukraine). Un affrontement politique transformé en guerre civile[2] lorsque le gouvernement central a voulu faire taire, par l’emploi de la force armée le 13 avril 2014, les dissidents qui reçurent alors divers appuis militaires de la Russie.

Avec l’annexion illégale de la Crimée, le 16 mars 2014, la Russie créait une situation inacceptable pour la communauté internationale[3] qui lui imposa des sanctions économiques et apporta un soutien militaire à l’Ukraine. La tension ne cessa ensuite de grandir sous la menace russe d’emploi de la force jusqu’à la décision de Poutine de lancer une “opération militaire spéciale” contre l’Ukraine, ajoutant au conflit hybride international et à la guerre civile intra-ukrainienne, une guerre interétatique russo-ukrainienne.

L’opération militaire spéciale, certes illégale elle aussi, a deux objectifs politiques différents, mais complémentaires, mûris depuis de longues années. D’une part, manifester la détermination russe à s’opposer à l’unilatéralisme américain et tenter de rallier à cette cause une majorité des pays du monde non occidental : “[…] presque tout le système du droit d’un seul État, avant tout, bien entendu, des États-Unis, a débordé de ses frontières nationales dans tous les domaines : dans l’économie, la politique et dans la sphère humanitaire, et est imposé à d’autres États. À qui cela peut-il convenir ?[4]”.  Objectif encore rappelé le 17 juin 2002 lors du forum économique de Saint-Pétersbourg. En somme, élargir la fissure qui a scindé le monde après l’attaque de l’Irak par les États-Unis en 2003. D’autre part, obtenir de façon pérenne, grâce à une victoire militaire et à la signature d’un accord, la souveraineté russe sur la Crimée annexée. Au fil des années depuis 2014, constatant l’échec des accords de Minsk II, s’est rajoutée la volonté d’obtenir l’indépendance des deux républiques autoproclamées du Donbass, dont on se souviendra que Poutine avait initialement fermement refusé leurs demandes d’annexion à la Russie. Enfin, pour faire bonne mesure et régler définitivement le problème, le projet de se saisir d’une bande de territoire pour “nationaliser” la mer d’Azov et contrôler la mer Noire.

Et c’est bien aux États-Unis, non à l’Ukraine ou à l’UE que la Russie présente, en décembre 2021, deux textes qui seront refusés, pour définir des accords de sécurité dans son environnement proche. Une quinzaine de jours avant l’attaque du 24 février, les différentes entités militaires de l’OTAN, des États-Unis et d’autres nations agissant en bilatéral, déployées en Ukraine pour former et équiper son armée, quittent le futur champ de bataille. Et depuis quatre mois, les combats font rage sur le sol ukrainien. La Russie a déjà conquis 20 % de l’Ukraine correspondant à peu près aux provinces du Donbass qu’elle s’était donné pour but de « libérer », ce qui représente 80 % des rivages ukrainiens de la mer Noire (dont la totalité de la mer d’Azov) englobant deux ports, dont Sébastopol, port militaire considéré d’intérêt vital pour la Russie. Il peut déjà être établi que la Russie n’abandonnera plus ces territoires et que l’Ukraine, sans le soutien d’une force militaire conséquente déployée aux côtés de son armée ne pourra jamais reconquérir ces territoires. L’alternative paraît bien dans des pertes territoriales ukrainiennes ou une guerre dans l’espace euro-atlantique.

Pour l’instant, au bout de quatre mois, posons-nous une question : comment avec un corps expéditionnaire donné à 180 000 hommes et avec des tactiques et une logistique que l’on a pu qualifier de médiocres, la Russie a-t-elle réussi à réaliser ces conquêtes ? 

La réponse est dans la profondeur stratégique de la Russie, dans ses dimensions géographiques, mais aussi capacitaires (réserve de combattants, stocks de matériel, d’armements, de munitions ; industrie d’armement travaillant en sécurité, avec quelques soucis pour les composants électroniques cependant).

Mais la réponse est aussi dans la solidité du plan d’opération opératif construit dans le style le plus classique, respectant les principes de la guerre les plus courants : liberté d’action, économie des moyens, concentration des forces et surprise. Ainsi conçu, le plan permettait d’évoluer, comme le recommandait le général Moltke : “Il n’y a pas de plan d’opérations qui puisse avec quelque certitude s’étendre au-delà de la première rencontre avec les forces principales de l’ennemi.  Seul le profane s’imagine qu’une campagne peut se développer et s’exécuter suivant un plan primordial, conçu à l’avance, réglé dans tous ses détails et maintenu jusqu’à la fin[5]”.

Il convient dès lors que le plan garantisse la liberté d’action en veillant à garder toujours l’armée à la  “poignée d’éventail”. L’économie des forces, comprise comme la juste répartition des forces en fonction des buts est un principe essentiel complémentaire pour faire jouer l’éventail et permettre au plan de s’adapter sans perdre son objectif final.

Garder la liberté d’action par l’économie des forces[6]

Le 24 février 2022, l’attaque se développe le long d’un front de près de 2000 km sur cinq axes : Kiev, Kharkiv, front du Donbass, et la Crimée dont les forces s’élancent vers l’est (Marioupol) et vers le nord (Zaporijjia), plus deux axes potentiellement menaçants, l’un vers Lviv via la Biélorussie, l’autre vers le port d’Odessa au large duquel croise une force navale amphibie. L’armée russe est donc en position de force sur la ligne extérieure ainsi que la définissait Mao Zedong, l’armée ukrainienne est sur la ligne intérieure qui limite les possibilités de manœuvre.

L’attaque peut commencer alors sur l’ensemble du front en suivant le schéma classique : reconnaissance offensive, prise de contact, couvrir, fixer, déborder, assaut, destruction et exploitation. Toutes actions à conduire aux niveaux tactiques pour occuper l’ennemi tout en préparant la concentration des forces au niveau opératif pour la mise en place de ce même schéma avec la supériorité afin d’atteindre l’effet final recherché (stratégique) correspondant au but politique (Mao Zedong). Ce sont ces niveaux tactiques qui ont subi des déboires du fait de diverses fautes et défaut d’organisation et de la pugnacité des défenseurs. Mais le plan opératif tient debout l’ensemble de l’édifice.

Les premiers jours, le centre de gravité[7] de l’attaque était, de façon très classique, le gouvernement ukrainien.

Éliminons dès à présent quelques hypothèses erronées

Les Russes n’ont pas cherché à éliminer Zelenski en bombardant son palais pour certainement deux raisons :  d’une part, il fallait essayer de le prendre vivant pour lui faire signer l’acte de capitulation qui aurait contenu toutes les exigences russes, dont la souveraineté sur la Crimée ; d’autre part, il fallait préserver Kiev, considérée comme le berceau et le joyau de la civilisation orthodoxe russe, en bon état. Mais les Russes savaient pertinemment qu’ils ne seraient pas accueillis à bras ouverts dans Kiev et sur la rive droite du Dniepr, car depuis 2004 et plus encore 2014, l’Ukraine était engagée dans une guerre civile “antirusse” conduite par les parties occidentales contre les parties orientales. Dans ces conditions également, il était évident qu’il ne pouvait s’agir d’une guerre éclair. Ils n’avaient par ailleurs aucune volonté de prendre Kiev, une ville avec une infrastructure urbaine conçue pour 2,8 millions d’habitants, défendue par 30 000 combattants sans compter les forces de réserve. Selon les ratios reconnus, il faut compter cinq attaquants pour un défenseur, le compte n’y était pas pour l’armée russe. Il en était de même de Kharkiv. Quant aux suppositions sur la volonté de conquérir et occuper l’Ukraine, pays dont ils savent que plus de la majorité de la population leur est hostile, elles sont peu crédibles. Pourquoi occuper tout un pays hostile alors que sa neutralisation peut passer par le contrôle de ses rivages ? Enfin, le discours sur la dénazification ne peut être qu’un discours de propagande et de légitimation auprès d’une population russe extrêmement sensible à cet argument. C’est seulement l’une des lignes stratégiques, non le but politique. La Russie raisonne et agit en stratège et galvanise par le discours.

Dans ces conditions quelle pouvait être l’idée de manœuvre opérative ?

Se saisir de l’État ukrainien pour lui faire acter les exigences russes tout en étant prêt à poursuivre cet objectif par la force en cas de besoin.

La saisie de l’État devait s’inscrire dans la confusion créée par les multiples axes d’attaque. Cette opération devait vraisemblablement s’inspirer des modèles de l’opération Eiche[8] ou de l’opération Eagle Claw[9],  pour tenter un raid éclair dans Kiev afin de décapiter « proprement » l’État. Eagle Claw pouvait en être le modèle pour les Russes puisque, tout comme l’ambassade américaine à Téhéran était à 300 mètres[10] du stade Shiroudi où les hélicoptères devaient héliporter les commandos puis récupérer les otages, il y a dans un rayon de 700 m autour du stade du Dynamo de Kiev et de deux autres places propices aux posés d’hélicoptères, la résidence du président, ses bureaux, le siège du gouvernement et la Rada. Une action qui aurait été appuyée par des commandos infiltrés[11]. Cette opération a échoué, tout comme l’opération Eagle Claw lors de la phase de mise en place. Le renseignement américain n’est pas étranger au fiasco russe. La question de savoir si, dans les deux cas les phases suivantes de ces opérations avaient des chances de réussite reste en suspens. Quoiqu’il en soi, en refusant d’être exfiltré, qui a déclaré “J’ai besoin de munitions, pas d’un chauffeur”, le président Zelenski devenait un héros international et il n’était plus question de le considérer comme un centre de gravité. Dans le plan russe qui s’adapte, il doit être plus utile libre une fois son armée vaincue pour signer la capitulation pense Moscou.

Redéfinir le centre de gravité en fonction de la situation

“Tous les actes successifs de la guerre ne sont donc pas des exécutions préméditées, mais des actes spontanés, répondant à la situation militaire du moment[12].”

Le centre de gravité devient alors l’armée ukrainienne à neutraliser. Pour cela, dès le 27 février, la “couverture” était mise en place, face au seul recours potentiel de l’Ukraine, l’OTAN. Le président Poutine  “ordonne au ministre de la Défense et au chef d’état-major général de mettre les forces de dissuasion en régime spécial d’alerte au combat”. Il rappelait, s’il en était besoin, le rôle de la dissuasion nucléaire et coupait la profondeur stratégique ukrainienne. Commencent les opérations visant à refermer lentement, en faisant le plus de dégâts possible à l’armée ukrainienne, les branches de l’éventail pour réaliser la concentration des efforts opératifs sur l’objectif militaire âprement convoité depuis de longues années : les rivages de la mer d’Azov et de la mer Noire. Par cette conquête, la Russie peut, entre autres avantages, gagner une liberté d’action totale pour sa marine et ses missiles Kalibr qui pourront alors, tout en restant dans les eaux territoriales, frapper jusqu’à 2 500 km, incluant ainsi jusqu’à une partie de la Lituanie, de la Pologne, de la République tchèque, de l’Autriche et de l’Italie et le Proche-Orient avec notamment la couverture des bases russes en Syrie.

Créer la surprise et poursuivre la campagne

Avec les capacités de renseignement fournies par les technologies modernes, il est difficile d’obtenir la surprise, car les guerres de haute intensité nécessitent une mobilisation importante de matériels en formations volumineuses peu discrètes. Ce sont, dans cette campagne, les multiples positions sur la ligne extérieure qui ont ménagé la surprise. Donc lorsqu’à la mi-mars, la Russie annonce la fin de la première phase et le recentrage de son effort sur le Donbass, l’Ukraine sent logiquement la victoire proche. D’autant plus que les crimes des troupes assiégeant la ville ont marqué d’une tache indélébile la Russie.

Mais lorsqu’à cette date, le regard se tourne, enfin, vers le sud, c’est pour constater que les troupes stationnées en Crimée sont sorties très tôt de la péninsule et ont conduit avec une rapidité tranchant avec le rythme des opérations au nord, leurs propres opérations. Et pour cause, il ne s’agissait pas d’une manœuvre de diversion/attrition, mais de s’emparer de deux objectifs majeurs pour la viabilité de la Crimée.

Le barrage et la centrale hydroélectrique de Nova Kakhovka sont saisis dès le 24 février. Ces installations fournissent de l’électricité, mais surtout de l’eau à la péninsule via le canal de Crimée dont les vannes sont fermées depuis 2014. Cette fermeture a privé la Crimée de 85 % de ses besoins en eau et a conduit à des situations dramatiques notamment pendant la sécheresse de 2020. Les solutions palliatives (multiplication des puits, désalinisation) ne sont pas suffisantes et conduisent à des problèmes écologiques et à la ruine de l’agriculture.

La centrale nucléaire de Enerhodar qui, avec ses six réacteurs, est la plus grande d’Europe est saisie le 4 mars. La liaison avec la Crimée étant coupée depuis 2014, les Ukrainiens n’avaient là aussi que des solutions palliatives largement insuffisantes. L’on peut présumer que ces deux sites ne sont pas prêts d’être lâchés.

La manœuvre opérative s’est refermée sur sa proie, c’est l’affrontement des capacités de feu et du moral qui fera la différence dans la dernière bataille tactique

Puis, obliquant vers l’est, les forces russes remontent jusqu’au nord de Melitopol et referment vers la mi-mars une bande de territoire allant de Enerhodar à Donetsk, sur une profondeur oscillant entre 40 et 80 kilomètres. La saisie des rivages de la mer d’Azov a été ainsi réalisée loin des regards, la bascule vers le sud peut se faire. Reste juste la poche de Marioupol dans lequel plusieurs milliers de combattants ukrainiens, maintenus, on ne sait pourquoi, par le commandement, se sont retrouvés pris au piège. La ville est perdue, mais les Ukrainiens résistent plusieurs semaines et focalisent l’attention et l’intérêt de la communauté internationale jusqu’à la mi-avril. Une victoire médiatique pour une défaite tactique consommée dès la mi-mars.

Désormais, la concentration opérative des forces est sur la ligne du Donets qui au nord sert de ligne d’appui pour la défense des axes logistiques et peut-être de ligne de défense future des territoires conquis. Au sud, la manœuvre vise à s’emparer des territoires considérés comme faisant partie des républiques autoproclamées de Donetsk et Lougansk avec notamment les agglomérations de Sloviansk et Kramatorsk dont l’attaque se prépare avec lenteur et puissance. La manœuvre opérative s’est refermée sur sa proie, c’est l’affrontement des capacités de feu et du moral qui fera la différence dans la dernière bataille tactique.

Une manœuvre défensive ukrainienne quasi figée

Sur la ligne intérieure, l’armée ukrainienne n’a pas de solide profondeur stratégique, même si les pays occidentaux sont montés progressivement en gamme et en quantité dans leurs livraisons d’armement et de munitions. Mais aucune troupe constituée et entraînée n’est disponible pour pallier les pertes, à l’exception de quelques combattants volontaires. Elle n’a en outre aucune liberté d’action face à la multiplicité des axes d’attaques ou de menace. Par ailleurs, politiquement et moralement tout fait symbole pour un pays agressé et sous forte attention médiatique, notamment les grandes villes Kiev, Kharkiv, Odessa et de façon plus large chaque maison ou parcelle de terrain. Il ne faut céder aucun pouce de terrain, a décidé le pouvoir politique. La défensive est d’ailleurs favorisée par le retranchement en milieu urbain, ce qui a rassuré le commandement qui n’a jamais entrepris de manœuvre d’arrêt d’ampleur. Les conditions de circulation en tout terrain étaient d’ailleurs au printemps telles que la manœuvre tactique n’était possible pour aucun des deux protagonistes. Ce qui a permis aux Ukrainiens de bloquer des colonnes avec de petites unités retranchées dans des fermes ou villages, puis d’attaquer les colonnes dans leur longueur. Tout véhicule détruit, par la lenteur des manœuvres d’évacuation ou de déblocage des axes, immobilise les colonnes qui peuvent être soumises aux harcèlements des groupes légers, des drones ou des barrages d’artillerie.

En somme, pas de manœuvre opérative pour une défense mobile à l’image de la campagne de France de 1814, mais un rideau défensif continue comme la défense française de l’automne 1914. Tout est du niveau tactique, comme les nombreuses et courageuses contre-attaques conduites sur les diverses parties du front qui permettent de reconquérir du terrain aussi vite perdu. Mais rien ne fait système pouvant réellement menacer le plan russe. Les contre-attaques lancées lors des désengagements des armées russes au nord (Kiev puis Kharkiv) ont porté quelques coups sérieux à l’agresseur et ont aussi gonflé le moral des Ukrainiens, mais la nécessité de sortir des retranchements urbains pour ces actions les a exposés et alors a commencé une attrition plus sévère.

Le fiasco tactique, éthique et médiatique russe

Au plan tactique, l’armée russe a subi de nombreuses difficultés d’exécution liées aux difficultés de communication, à des problèmes de commandement et d’initiatives tactiques, à la mauvaise organisation, à la logistique, au faible engagement initial des forces aériennes.

Les exactions commises lors des sièges de Kiev et Kharkiv entachent durablement une décision politique par ailleurs condamnable. La poursuite des responsables sera acharnée dans les années à venir. Elle sera l’une des marques de la victoire, quelle que soit la situation sur le terrain.

Ces fiascos tactique et éthique ont permis de développer une campagne médiatique avec un fort impact, d’abord sur les peuples de la communauté internationale, mais réduite à l’Occident.

Mais la manœuvre opérative paraît proche d’atteindre ses deux objectifs : mettre fin à la guerre civile en désolidarisant le Donbass de l’Ukraine et s’emparer des rivages de ce pays pour contrôler la mer Noire.

Mais au-delà de ces guerres civile et interétatique, dont l’issue peut rester encore incertaine, la Russie a aussi lancé une plus vaste opération de tentative de recomposition de l’ordre international pour desserrer l’étau de ce qu’il estime l’unilatéralisme occidental (plus exactement des États-Unis). La Chine l’appuie en sous-main, car, dans cette guerre, comme dans celle conduite en Ukraine, la Russie n’a pas besoin de soutien militaire, mais de fédérer les oppositions au “système du droit d’un seul État, avant tout, bien entendu, des États-Unis [qui] a débordé de ses frontières nationales dans tous les domaines”.

Ce sera la vraie mesure de la victoire ou de la défaite russe.

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