Edito n°13 du 26 septembre 2017
Publié le 26-09-2017
« Mieux vaut la paix certaine que la victoire espérée »
Tite-Live (59 av. J.-C.-17 ap. J.-C.)
« Priorité à l’être humain, paix et vie décente pour tous sur une planète préservée», c’est le thème central qui a animé les travaux de la 72ème assemblée générale de l’ONU ouverte le 19 septembre dernier et achevée le weekend dernier. En marge de cette Assemblée Générale, les discussions s’intensifiaient, notamment à l’initiative de la France, pour tenter de résoudre le conflit syrien et éviter le spectre d’une fragmentation mortifère du pays.
Nous aborderons cette semaine un des défis souligné par l’Organisation des Nations Unis au travers de l’Agenda 2030 pour pouvoir assurer « paix et vie décente pour tous sur une planète préservée » : le développement soutenable. Une analyse issue de l’Institut du Développement Durable et des Relations Internationales (IDDRI) en illustre différents enjeux. Nous vous proposons par ailleurs quelques clefs de compréhension du conflit syrien, de ses racines comme des voies envisageables pour le régler, avec deux analyses issues de l’Ecole de Guerre (EDG) et de l’European Council on Foreign Relations (ECFR). Ces deux analyses illustrent, directement ou indirectement, la centralité de la relation politique, dont le conflit armé est une poursuite « par d’autres moyens », pour espérer trouver une issue durable à la crise au Levant.
Penser la relation entre militaire et politique, en la reformulant dans le contexte général de l’époque et face aux défis d’une situation contingente, c’est le défi posé au stratège militaire, que ce soit pour conseiller le Prince ou pour conduire les forces armées. Pour illustrer cet impératif permanent, nous vous proposons dès cette semaine, avec l’aimable autorisation du site diploweb.com, de visionner le premier de cinq entretiens sur les grands stratèges français du XXème siècle réalisés avec François Géré, président de l’Institut Français d’Analyse Stratégique. Ces entretiens de quelques minutes chacun concernent Jean de Lattre de Tassigny, André Beauffre, Charles Ailleret, Lucien Poirier et Pierre-Marie Gallois. Ils font également l’objet d’un développement dans l’ouvrage récemment rédigé par François Géré : « La pensée stratégique française contemporaine » (Paris, Economica, 2017).
S’il est le plus emblématique, le changement climatique n’est pas la seule « limite planétaire », possiblement irréversible, que l’impact des activités humaines tend à franchir. Le sommet de la Terre de Rio en 1992 préconisait déjà la mise en place d’une économie durable. Dans le prolongement tant des Objectifs de Développement Durable (ou Agenda 2030) adoptés par l’ONU en 2015 que de l’accord de Paris sur le climat, l’article « Produire et consommer durablement », issu de l’IDDRI, propose une analyse complète et illustrée de la problématique : comment concilier modes de consommation et enjeux environnementaux et sociaux. A partir d’une clarification des concepts, Lucien Chabason, conseiller à la direction de l’IDDRI et Stéphanie Leyronas, chargée de recherche à l’AFD (Agence Française de Développement), exposent le constat et les causes des dégradations environnementales majeures. Ils s’interrogent ensuite sur la capacité du système global, intégrant sociétés, économie et bio-géo-sphère, à engager des processus de transformation vertueux. La question de la consommation est au cœur de leur analyse, consommation éperonnée par la forte croissance planétaire des classes moyennes. L’analyse éclaire donc les enjeux liés à la mise en œuvre des outils ou des leviers envisageables pour engager un véritable changement de paradigme.
Alors que les initiatives visant à sortir d’une impasse sanglante de plus de six années en Syrie se multiplient, l’article « Mieux comprendre le contexte interne ayant mené à la contestation puis à la guerre civile en Syrie » propose de mieux comprendre le substratum de la guerre civile. Le Lieutenant-Colonel Cédric de Penfentenyo de Kervéguérin, stagiaire de la 24ème promotion de l’EDG, nous offre une analyse en trois temps. Son analyse rigoureuse du contexte interne, à l’origine de l’embrassement syrien, s’intéresse tout d’abord au pays et à sa position stratégique de voie de transit énergétique. L’analyse rappelle ensuite les évolutions politiques et économiques récentes. L’analyse aborde enfin le facteur communautaire, élément clef pour comprendre un conflit que l’on peut qualifier de « guerre ethnopolitique» au sein d’un « état-territoires ». L’article met donc en exergue des éléments de connaissance propédeutiques indispensables pour comprendre la crise et espérer progresser sur le chemin de la paix.
La multiplication des initiatives pour consolider les fragiles et partiels cessez-le-feu en Syrie ne s’intègrent pas pour autant dans un enchainement politique approuvé par les parties en présence, seule voie vers l’instauration de la paix. En s’appuyant sur une analyse fine de la situation, tant sur le terrain que sur la scène diplomatique, l’article « To end a war : Europe’s role in bringing peace to Syria », issu de l’ECFR, suggère qu’une fenêtre d’opportunité se fait jour pour une initiative européenne de chemin vers la paix. Cette initiative européenne devrait s’articuler autour d’un processus de décentralisation progressive de la Syrie. Julien Barnes-Dacey considère en effet qu’une telle voie vers l’autonomie locale est susceptible de faire converger les positions du régime, des différents groupes d’opposition et de leurs parrains internationaux, dès lors qu’elle bénéficierait du levier d’entrainement d’une position européenne cohérente et concrète, position dont il décline les différents aspects.
Jean de Lattre de Tassigny (1889-1952), maréchal de France, est un des premiers chefs militaires français à comprendre le changement de nature de la guerre, avec la mobilisation totale des ressources et l’impact des forces idéologiques à l’œuvre. Le « roi Jean » conjugue sens opérationnel avec intelligence aigüe de la situation et de l’ennemi, synthèse essentielle pour pouvoir peser à son avantage sur la « dialectique des volontés utilisant le force pour régler leur conflit ». Nous vous invitons donc cette semaine à visionner l’entretien avec François Géré consacré à Jean de Lattre de Tassigny, issu du site diploweb.com.
Pour clore ce 13ème édito de géostrategia, nous vous informons que l’Association Nationale des Auditeurs Jeunes de l’IHEDN (ANAJ-IHEDN), le CSFRS et la fondation « The house of rising stars » organisent à nouveau cette année, le 27 novembre 2017, « Rising Generation », une journée destinée à valoriser la capacité des jeunes à inspirer l’avenir. Pour plus d’informations sur les conditions de participation, rendezvous ici ! Les candidatures peuvent être déposées avant le 14 octobre minuit à l’adresse : rising.generation2017@gmail.com.
Auteur(s) : « Mieux vaut la paix certaine que la victoire espérée » Tite-Live (59 av. J.-C.-17 ap. J.-C.) « Priorité à l’être humain, paix et vie décente pour tous sur une planète préservée», c’est le thème central qui a animé les travaux de la 72ème assemblée générale de l’ONU ouverte le 19 septembre dernier et […]
Source(s) : CSFRS