Quel bilan de la politique étrangère de l’administration démocrate, à l’approche du scrutin présidentiel de novembre 2024 ? Le papier aborde cette question de l’héritage de Joe Biden, au regard des ambitions initiales de son mandat et de sa propre longue expérience des affaires internationales. L’autrice s’intéresse ensuite à la question centrale du bilan Biden et du retour empêché des Etats-Unis à la primauté, au filtre des déterminants intérieurs. Elle analyse également les ambitions contrariées de la stratégie post-atlantique comme les défis posés par le « Sud Global » au leadership américain, sur fond de bouleversements majeurs du système international.
Les opinions exprimées dans cet article n'engagent pas le CNAM.
Les références originales de cet article sont : Maud Quessard, « L’administration BIDEN et le retour empêché des États-Unis à la primauté », IRSEM/Publications/Note de recherche n°145_2024. Ce texte, ainsi que d’autres publications, peuvent être consultés sur le site de l’IRSEM.
Le retour au multilatéralisme, l’alliance des démocraties, l’engagement pour le climat, la diplomatie des vaccins, autant de promesses d’excellence qui devaient permettre à l’Amérique, selon Joe Biden, de redorer le blason des valeurs démocrates à l’international et la possibilité d’un grand dessein. L’invasion de l’Ukraine par la Russie et, de facto, le renforce-ment du pacte atlantique devaient assurer à Joe Biden de conduire le bloc des démocraties contre les régimes autoritaires et de lutter contre le retour des impérialismes russe ou chinois dans un contexte de nouvelles compétitions de puissance exacerbées[1]. Toutefois, les autres crises internationales, les surprises stratégiques majeures impliquant les États-Unis, comme au Moyen-Orient, ou quotidiennes et hybrides, dans les zones grises d’Asie-Pacifique ont fragilisé les velléités de reset du leadership américain et ont signé la fin de la primauté[2].
L’accession de Joe Biden à la présidence des États-Unis en janvier 2021 devait en effet marquer une période de rupture politique après les quatre années tumultueuses de l’administration hétérodoxe conduite par Donald Trump. Or, à peine investi, le président Biden a hérité d’une nation profondément divisée, confrontée à des défis intérieurs et internationaux sans précédent. Ce contexte de double fragmentation chaotique – de l’ordre international et de la scène intérieure – met en question la capacité des démocrates à mettre en œuvre une Grande Stratégie cohérente, une vision de politique étrangère intégrée, reposant sur une doctrine cohérente visant à sécuriser les intérêts nationaux à long terme. La complexité des enjeux contemporains, la multiplication des crises et des niveaux de crise, semble avoir diminué cette ambition maximaliste[3] et avoir rendu cette tâche ardue. À l’heure où les démocrates proposent un ticket renouvelé, Harris-Walz, pour briguer la Maison-Blanche lors de l’élection de novembre, quel bilan tirer des tentatives de restauration du leadership menées par Joe Biden ? Quelle pourra être la posture de la nouvelle équipe en politique étrangère et faut-il s’attendre à une « nouvelle donne » ?
References
Par : Maud QUESSARD
Source : IRSEM